

Quand tout va de travers ou qu’une situation de notre vie prend trop de place dans notre tête sans que l’on puisse la changer, qu’est-ce qu’on fait ?
Souvent, on se fait dire qu’on a « juste » à lâcher prise, mais est-ce vraiment possible ? Est-ce que tout peut réellement s’arranger sans qu’on aille à intervenir ?
Si un problème a une solution, alors il est inutile de s’en inquiéter ; s’il n’en a pas, s’inquiéter n’y changera rien. – Proverbe tibétain
Un proverbe qui me suit depuis plusieurs années et pour lequel, j’en comprends de plus en plus les nuances et l’application. C’est en le découvrant que j’ai commencé à vraiment avoir confiance en la vie. Une confiance inébranlable que tout allait vraiment finir par s’arranger, avec mon intervention ou pas. Avec la confiance aussi que c’est le regard que je porte sur ce qui arrive qui me permet d’y voir plus clair et d’être dans l’acceptation plutôt que la résistance.
Quand on s’y attarde, les problèmes ne sont pas « magiquement » résolus et ne disparaissent pas. La seule chose pour laquelle on peut toujours avoir du « contrôle », c’est sur notre manière de voir les choses, d’aborder les problématiques et situations.
Par exemple, je ne peux pas contrôler le nombre de voitures présentes sur l’autoroute alors que je suis en déplacement. Si je suis ralentie dans mon itinéraire, je peux toutefois décider de rentabiliser le fait que je suis prise dans la voiture sans possibilités de sortir pour prendre une pause, prendre le temps de faire quelques respirations pour m’apaiser, écouter un podcast ou une formation audio afin de me divertir ou de m’instruire de manière à ce que ce temps d’attente involontaire soit utilisé positivement.
Cela ne me fera pas arriver plus vite à destination, mais me permettra de faire face à la situation avec plus d’optimisme et moins de frustration. De toute manière, si on y pense, le fait de me fâcher ou d’être en colère contre moi-même de ne pas être partie plus tôt ne fera pas en sorte que j’arrive plus vite ou que les embouteillages disparaissent.
Situations difficiles
Explorons une autre situation pour explorer le lâcher prise. Si, plutôt que d’être pris dans les embouteillages, on a un problème plus « gros », disons, le manque d’argent. C’est assurément une situation qui peut nous causer un bon mal de tête, nous empêcher de dormir, bref, nous causer un énorme stress.
Heureusement, il y a moyen d’aborder cette problématique toujours sous l’angle de notre confiance en la vie.
Est-ce que l’on peut facilement augmenter ses revenus ? Parfois oui, il ne suffit que de demander une augmentation de salaire pour l’obtenir, toutefois, ce n’est pas garanti. Est-ce qu’on peut travailler plus d’heures ? Possible que oui aussi, mais cela ne veut pas dire que ce soit le cas. Qu’est-ce qu’on fait alors ?
On peut d’abord prendre le temps de respirer et d’analyser la situation avec sang-froid. Revoir son budget, constater où va notre argent, quelles sont les dépenses que l’on fait et essayer de les réduire, etc. On peut également consulter des organisations spécialisées pour soutenir ce type de processus (comme l’ACEF au Québec). On peut aussi, et surtout, commencer par voir si nos besoins de base sont comblés (est-ce qu’on a un toit sur la tête, de la nourriture sur la table, est-ce qu’on est en sécurité, etc.)
Si on répond non à une de ces questions, évidemment, il faut aller chercher de l’aide pour s’assurer de pouvoir répondre à ces besoins. S’ils sont tous comblés, alors là la confiance en la vie peut vraiment venir supporter notre processus et nous aider à nous détacher de la situation.
En se posant des questions comme :
« Quels sont les petits plaisirs de ma vie que j’arrive à m’offrir avec mon argent ? »
« Pour quoi ai-je de la reconnaissance présentement ? »
« Ai-je vraiment besoin de me procurer tel ou tel objet ? »
« Est-ce nécessaire d’habiter dans un logis aussi dispendieux ? »
« Y aurait-il une autre manière de dépenser mon argent qui serait plus en service à mon cœur, à ce que je souhaite réellement accomplir ? »
« Et si je mettais l’emphase sur le privilège que j’ai d’avoir tout ce que je possède au lieu de ce que je n’ai pas, quelle serait ma vision sur mon ‘manque’ d’argent ? »
Il me semble que la vie nous apporte souvent de belles surprises finalement ! Une petite réflexion qui peut mener à de grandes prises de décisions et à de beaux changements, non ?
Bon, j’imagine que c’est assez facile à comprendre avec les exemples précédents. Mais qu’en est-il d’une situation qui dure plus longtemps et pour laquelle on n’a VRAIMENT PAS de contrôle ?
Il y a deux ans, un de mes enfants a reçu un diagnostic de maladie grave, la leucémie pour être plus précise. Sur le coup, moi aussi je ne voyais pas comment lâcher prise. Voyons donc ! Une maladie, ce n’est pas quelque chose sur lequel ma confiance en la vie peut avoir un impact non ? Que je me répétais en boucle dans ma tête.
Eh bien, on a quand même fait le choix, mon conjoint et moi, de garder l’esprit ouvert et d’essayer de voir ce qu’on pouvait en tirer de positif, malgré tout. Si on se réfère à mon fameux proverbe tibétain, est-ce que notre problème avait une solution ? Oui (les traitements proposés par les médecins, entre autres). Est-ce que la solution était 100 % fiable ? Pas à 100 %, mais assez élevée pour que l’on maintienne notre choix de croire que oui. D’avoir confiance en la vie, sans équivoque. Est-ce que nous inquiéter davantage aurait fait une différence dans la situation ? Pas du tout. Est-ce que cela a été facile d’essayer de ne pas trop s’en inquiéter ? Oh que non, je ne vous mentirai pas. Mais on a quand même mis l’emphase sur tout le beau que la situation (la vie en fait) avait à nous offrir dans ces circonstances.
On en a profité pour se partager nos gratitudes au quotidien, d’être en famille, d’être en vie, d’avoir accès à des traitements médicaux gratuits, etc. Nous avons aussi ressenti de la gratitude d’avoir la chance de faire une réflexion sur si nous étions réellement en alignement avec nos cœurs et nos valeurs et nous avons fait les ajustements nécessaires pour que cet alignement soit rétabli.
Dans tous les cas, jamais nous n’avons eu un impact direct sur la situation (puisque la solution était déjà évidente) et pourtant, ces petits changements de point de vue nous ont permis de garder la tête hors de l’eau pendant toute la durée des traitements et d’aborder le tout avec une grande confiance en la vie, encore une fois.
Aujourd’hui, alors que les deux années de traitement se sont écoulées et que notre enfant se porte à merveille, je crois encore plus fermement qu’un lâcher prise est possible et nécessaire lorsque l’on est confronté à des obstacles ou des situations inconfortables et je sais au plus profond de mon être que la vie nous supporte et nous offre toujours des expériences qui nous font grandir pour devenir des êtres encore plus épanouis, encore plus connectés à nos cœurs, encore plus riches de toutes ces expériences.